Vous avez tous, comme moi, passé des heures sur un clavier à la recherche de la bonne séquence harmonique, de la bonne suite d’accords.
Vous-vous êtes tous demandé: « N’y aurait-il pas un fil conducteur, une méthode qui pourrait me guider, plutôt que laborieusement ajouter accord après accord pour finalement me rendre compte que c’est nul. » 🙁
Vous-vous êtes également dit: « Comment sortir de cette foutue gamme de Do (ou autre)? » ou encore: « Comment sortir de ces sempiternelles modulations qui font cliché? »
Voyons voir…
Fixons nous d’abord une règle très simple: « On peut enchainer n’importe quel accord avec n’importe quel autre pourvu qu’ils fassent partie de la même gamme »:
Ici tonalité de Fa majeur.
Évidemment, on peut jouer sur l’appartenance des accords à plusieurs gammes à la fois et « moduler », comme ça, dans des tons pas trop éloignés:
L’accord de Ré mineur sert de pivot pour passer de la tonalité Fa majeur à laquelle il appartient à la tonalité de Do majeur à laquelle il appartient également.
Bon d’accord, c’est pas mal, mais c’est quand même pas très nouveau. Ça sonne un peu convenu non? 🙁
Ok, on va enrichir un peu l’affaire, c’est à dire s’affranchir des gammes et des tonalités. 🙂
On va donc dire que n’importe quel accord mineur peut être rendu majeur et vice-versa. Voyons ce que ça donne:
La encore, rien de bien révolutionnaire mais il y a déjà un peu plus « de surprises ».
Ici on ne parle plus vraiment de tonalités. On pourrait, pour l’analyse, trouver des relations fonctionnelles entre les accords et des relatifs mineurs en cascade etc… 🙁
Pour composer, je trouve plus efficace de rester simple et de trouver des raccourcis. Des processus élémentaires qui marchent et qui nous permettent de rester « à l’écoute » plutôt que d’entrer dans des analyses trop rationnelles. Synthèse plutôt qu’analyse. 😎
Maintenant pour compléter le tout, on va dire que: « On peut enchainer n’importe quel accord avec n’importe quel autre, pourvu qu’ils fassent partie de la même gamme ou qu’ils soient du même type. » Le même type ça veut dire la même structure d’intervalles, c’est à dire mineur (3-4), majeur (4-3), mineur 7 (3-4-3), majeur 7M(4-3-4), 7ème de dominante (4-3-3) ou n’importe quelle autre structure finalement, en demi tons, (4-4-4), (5-5-5), (6-5-4-2), (8-6-5-3) etc… Et ceci dans tous les renversements.
On remarquera ici une modulation par enharmonie Abm-Bm qui nous fait voyager directement d’une tonalité à 6 bémols vers une tonalité à 3 dièses.
C’est un raccourci qui joue sur l’ambiguité entre Ab et G#.
On notera également une chose primordiale, tous les enchainements d’accords de tous ces exemples ont, au moins, une note commune sauf quelques fois… c’est à dire dans des enchainement d’accords adjacents (E-F# ou Bbm-Ab). Ces exceptions sont très importantes pour « casser » le côté trop systématique du processus. Elles apparaissent comme des ruptures qui peuvent parfois prendre des allure de cadence, en quelque sorte (E-F# ou Bb-C du premier exemple). Mais le principe de la note commune est un principe très fort de l’harmonie. On peut le voir comme un processus unificateur. Un lien.
Et comme toujours, seule l’oreille est juge.
Une prochaine fois je parlerai des fondamentales et surtout des pas fondamentaux de l’harmonie. 🙂
Jean-Michel Darrémont