Stradivarius « Lady Blunt »

Stradivarius vs violons modernes

Depuis des siècles, musiciens, luthiers et scientifiques ont tenté de percer le secret des célèbres violons de Crémone, les Stradivarius, synonymes d’excellence et qui peuvent atteindre des sommes record. Le violon « Lady Blunt » de 1721 a été vendu à la société Tarisio Auctions, spécialisée dans les instruments rares, pour la coquette somme de 11,5 millions d’Euros et, au printemps 2014 l’alto « Macdonald » sera mis en vente chez Sotheby’s au prix de départ de 32 millions d’Euros. Le prix de vente final sera annoncé le 25 Juin prochain.

Un « Stradivarius » est un violon, un alto, un violoncelle ou une guitare construit par un membre de la famille Stradivari et plus particulièrement Antonio Stradivari, au cours du 17ème et 18ème siècle.

Cependant, de nombreux tests, dont deux réalisés par Claudia Fritz, une chercheuse française de l’Université de Paris, à un concours international de violon à Indianapolis en 2010 et plus récemment à Paris, confirment très clairement que la différence de prix n’a rien à voir avec la différence de qualité.

Lors du dernier test, dix virtuoses renommés ont été sollicités pour jouer douze violons: six anciens dont cinq Stradivarius et six modernes.

Pendant deux sessions de 70 minutes les virtuoses ont pu tester les instruments dans deux environnements acoustiques différents: un studio et une salle de concert et chaussés de lunettes de soudeur afin de ne pas en reconnaître  la provenance.

Les chercheurs voulaient voir si, comme le veut la légende, les instruments anciens étaient dotés d’une couleur sonore particulière.

Résultat: six des violonistes virtuoses ont  désigné un violon moderne et quatre un Stradivarius. Un des instruments fraîchement sorti de l’atelier s’est nettement imposé, classé premier par quatre musiciens et deuxième par quatre autres.

Malheureusement le mythe de l’excellence Crémonienne ne s’effondrera probablement pas pour autant même si elle incitera  peut-être les jeunes musiciens à ouvrir d’avantage leurs oreilles que leur portefeuille. Elle portera peut-être aussi préjudice au goût actuel et infondé pour le « vintage » permettant aux luthiers contemporains de vendre plus « justement » leur travail.

Jean-Michel Darrémont Site Officiel