Réflexions sur la composition musicale (1)
Voici quelques éléments de réflexion sur l’activité de compositeur tirés de mon expérience ou glanés ici et là et que je trouve intéressants. Il ne faut pas les prendre au pied de la lettre mais plutôt comme une base de réflexion stimulante pour les compositeurs débutants comme pour les autres, à commencer par moi-même. Ce n’est pas un cours de composition, je ne parle pas ici de théorie mais plutôt de quelques stratégies qui peuvent être utiles, ou pas, aux compositeurs.
_Écrivez la musique que vous aimeriez entendre vous-même. Évitez, si possible, de produire une musique dont vous pensez que les autres veulent entendre, notamment les critiques. Dans la musique de film, ou de scène, le problème se pose de façon aiguë dans la mesure ou le réalisateur va souvent demander une musique « dans le style de… » voire une musique de genre. Il me semble important, dans la mesure du possible, de conserver sa personnalité dans tous les cas ou, tout au moins, de rester sincère quant au genre musical que l’on aborde. Il est bon de savoir refuser des projets.
_N’ayez pas peur des dissonances. Beaucoup de gens pensent que les dissonances ont été « inventées » au XXème siècle. Elles étaient, en fait, déjà présentes dès la Renaissance notamment chez Gesualdo. Si vous n’écrivez que des intervalles consonants, votre musique risque d’être ennuyeuse.
_N’ayez pas peur de la simplicité. Au contraire, recherchez la avant tout, avec quelques traits de complexité pour mieux la mettre en valeur, la faire vivre.
_Quand vous voulez faire entendre une chose, faites entendre son contraire, juste avant et/ou juste après. Cette chose peut être: une tonalité, un timbre, une densité, un registre, la simplicité, la complexité, une orchestration, une nuance d’intensité etc…
_Travaillez dur l’harmonie et le contrepoint. Quand vous composez, oubliez les, interdisez-vous d’y penser. Laissez les agir inconsciemment. Ou pas du tout.
_En général il vaut mieux garder le moment le plus excitant d’une composition, le climax, vers la fin. Certains auteurs on montré, mais ça n’est surtout pas une règle, que le climax se produit souvent, en musique, vers 1/1,618 de la longueur totale du morceau, soit la proportion du nombre d’or. Le climax d’une pièce peut concerner tout à la fois la hauteur, l’amplitude, la densité verticale, horizontale, rythmique, la complexité, l’orchestration, le timbre etc…
_Très intéressant, également, de prendre en considération un élément très oublié de la composition musicale: l’anti-climax ou moment le plus bas, le contraire du climax. Comme le climax, l’anti-climax peut concerner tous les paramètres de la musique; par exemple, si l’on considère le climax comme le moment le plus excitant d’une composition, l’anticlimax pourrait être le moment le plus ennuyeux(pourquoi pas). Où placer l’anticlimax par rapport au climax, ou de la nécessité de conserver, au moins un moment ennuyeux… 🙂
(A suivre…)
Liens utiles:
Sur l’harmonie:
_« Antitraité d’harmonie » par Eveline Andréani 10/18. Attention ce n’est pas un livre pour débutant mais plutôt une mise en perspective, une relativisation de l’harmonie pour ceux qui la pratiquent déjà ou l’ont pratiquée.
_« Traité d’Harmonie » par Arnold Schoenberg JC Latès. Le « meilleur » traité d’harmonie que je connaisse. Clair, simple, précis et en même temps très avancé. Ce livre m’a fait comprendre beaucoup de choses. Idéal pour un compositeur autodidacte.
Jean-Michel Darrémont Site Officiel
Bonjour,
Juste pour information, un hapax désigne « un mot qui n’apparaît qu’une seule fois dans la littérature.ou à une époque donnée ». Je pense donc que vous vous trompez quand à la signification de ce mot, qui n’est pas l’antonyme du climax 🙂 (Sachant que le terme anticlimax désignant une gradation descendante, il n’est pas plus approprié puisque vous parliez de moment ennuyeux donc sans gradation)
Reste que sur le fond, votre remarque est très vraie 🙂
J’attendais une remarque sur ce sujet. Vous avez raison, le sens le plus courant est celui que vous lui donnez, mais il y a plusieurs définitions au mot hapax dont celle, plus rare, que j’ai rencontrée et que je lui donne ici.
Le hapax, comme le climax sont, des éléments (souvent des hauteurs), qui outre être le plus bas et le plus haut ne se rencontrent qu’une fois.
Je retombe, par hasard sur cet ancien échange avec Arthur que j’avais oublié. J’ai décidé donc de corriger l’article ou j’employais le terme hapax comme antonyme du terme climax en le remplaçant par anticlimax qui est plus juste. En effet il me semblait bien avoir rencontré ce sens là quelque part. Ma mémoire m’a, peut-être joué un tour. Toujours est-il que le climax comme l’anticlimax sont tous deux des hapax, en ce sens qu’ils ne se rencontrent, dans ma définition, qu’une seule fois. Simplement il est plus juste d’employer ce dernier terme qui est moins ambiguë, ce qu’Arthur a eu raison de souligner.