Nous avons vu dans les articles précédents comment la série harmonique permettait de construire une hiérarchie des intervalles. Nous allons maintenant voir deux méthodes pour découvrir soit, la fondamentale cachée ou masquée, soit, la fondamentale absente d’un accord.
Fondamentale masquée
Il faut retenir la simple règle suivante: la fondamentale d’un intervalle, soit un accord de deux notes, sera la note la plus basse pour les intervalles impairs (tierce, quinte et septième) alors qu’elle sera la note la plus haute pour tous les intervalles pairs (secondes, quarte et sixtes). Les intervalles plus grands seront réduits à l’octave: la neuvième deviendra une seconde, la dixième une tierce etc…
Il faut noter que dans le cas où un accord contient plusieurs intervalles dominants du même type, par exemple deux quintes, c’est l’intervalle dominant le plus bas qui est pris en compte.
Si l’on prend en compte la hiérarchie des intervalles, soit du plus fort au moins fort: Octave, Quinte, Quarte, Tierce Majeure, Tierce mineure, Seconde Majeure, Seconde mineure, la quarte augmentée étant considérée comme neutre, n’importe quel type d’accord peut être analysé et une fondamentale trouvée en son sein.
La fondamentale est évidente pour ce genre d’accords. Néanmoins, ils sont utiles pour détailler le processus.
Premier accord, Mi mineur en position fondamentale: on prend en compte tous les intervalles= Tierce mineure(mi-sol); Quinte(mi-si); Tierce Majeure(sol-si). L’intervalle le plus fort est la Quinte. La fondamentale de cet accord est Mi (note la plus basse de l’intervalle de Quinte).
Deuxième accord Mi mineur, premier renversement: Tierce Majeure(sol-si); Quarte(si-mi); Sixte Majeure(sol-mi). L’intervalle le plus fort est la Quarte. La fondamentale est Mi (note la plus haute de l’intervalle de Quarte).
Troisième accord, Mi mineur, deuxième renversement: Quarte(si-mi); Tierce mineure(mi-sol); Sixte mineure(si-sol). L’intervalle le plus fort est la Quarte(si-mi). La fondamentale est donc Mi (note la plus haute de cet intervalle).
Cette technique devient plus intéressante avec des accords complexes.
Soit un séquence d’accords plutôt dissonants.
Chaque altération n’est valable que pour la note qui suit. Pour tous les exemples.
On transpose les fondamentales, ainsi calculées d’une ou deux octaves.
L’extraction des fondamentales produit des accords plus équilibrés et, un peu moins agressifs.
On peut ainsi, en outre, contrôler la force des enchaînements, c’est à dire la force des pas entre fondamentales selon l’harmonie traditionnelle ou la série harmonique.
On peut, aussi, contrôler la progression de la tension(consonance/dissonance) au sein des séquences d’accords.
Nous reviendrons, dans un prochain article, sur ces deux points.
La fondamentale virtuelle
La deuxième méthode est celle de la fondamentale virtuelle.
Elle nécessite l’installation d’Open Music publié par l’IRCAM. Il faut également noter qu’OM peut servir à beaucoup d’autres choses qu’au calcul des fondamentales virtuelles.
Alors que la méthode précédente trouve une fondamentale parmi les notes de l’accord, celle-ci rajoute une note pas forcément présente dans l’accord initial, en général transposée d’une à deux octaves vers le bas.
Avec la même séquence d’accords qu’au chapitre précédent:
On obtient:
Un des grands intérêts d’Open Music est qu’il calcule au 1/100ème de 1/2 ton. On peut donc obtenir un résultat non tempéré, très précis, donc plus juste à l’oreille.
Le patch Open Music:
On peut comparer les résultats des deux méthodes.
Exemples d’accords et leurs fondamentales, avec les deux méthodes
Soit une séquence initiale descendant déjà assez bas dans le grave.
On peut rajouter des fondamentales à ces accords de cinq sons sans lourdeur ni confusion avec la première méthode:
Et avec la deuxième méthode:
Un autre exemple:
Les fondamentales avec la méthode 1:
dth= »739″ height= »202″ /> Fondamentale séquence 2 méthode 1
[/caption]
et avec la méthode 2:
Conclusion sur les deux méthodes de calcul des fondamentales
Il apparaît clairement que la deuxième méthode, dite des fondamentales virtuelles, d’Open Music, est la plus sophistiquée dans son mécanisme et la plus homogène, la plus convaincante à l’oreille. Néanmoins la première peut également être intéressante selon le contexte et présente surtout le grand avantage de ne nécessiter aucun appareillage technologique et de pouvoir être calculée facilement de tête.
Il faut tester le calcul des fondamentales dans différents contextes avec différents types d’accords mais on peut déjà remarquer qu’elles n’apportent ni lourdeur ni confusion même avec des accords d’une tessiture large et/ou descendant assez bas dans le grave.
Dans le prochain article, nous verrons le calcul du facteur de dissonance des accords et la construction de progressions harmoniques en fonction du facteur de dissonance et du mouvement des fondamentales combinés.
Jean-Michel Darrémont
Liens intéressants:
Théorie de la musique occidentale
Bibliographie
« Techniques of the contemporary composer » David Cope ed. Schirmer
« Technique complète et progressive de l’harmonie » Julien Falk ed. Alphonse Leduc « The Craft of Musical Composition » Paul Hindemith 1937 ed. New York: Associated Music Publishers
Bonjour, merci pour cet article qui me permet de voir les accords d’un point de vue différent.
Je connais depuis longtemps la série harmonique et sa relation avec les accords.
Mais je ne connaissais pas la règle que vous exposez dans le chapitre de la théorie des fondamentales cachées et ni l’Open Music.
Je suis ravie de connaitre maintenant la règle qui nous fait trouver la fondamentale en un tour de main. J’aurais tout simplement mis l’accord à l’état fondamental…
On dirait bien que de ce point vue, ma vision parait un peu archaïque 🙂
Merci de votre réponse.
Cette méthode de recherche de fondamentale n’est qu’une proposition supplémentaire à d’autres en ce qui concerne les fondamentales elle n’a aucune prétention à la vérité scientifique. Elle n’a pas d’autres buts que de donner des idées, ou pas. De changer d’angle. 🙂
La série harmonique tempérée telle qu’elle est utilisée ici est déjà une grosse approximation par rapport à celle que l’on entend dans un son périodique.
Il n’y a donc pas d’archaïsme, ou de point de vue meilleur qu’un autre…
bonjour, bien que auteur compositeur je ne suis qu’autodidacte, je n’ai fait que deux ans de théorie si je puis dire je reconnais les notes et les accords (je suis guitariste) et j’aime sur certaines de mes compositions de blues bien qu’étant écrit en sol mineur j’y ajoute « pour la couleur »de accords majeurs exple R7+9 augmenté SUIVI DE DO7+9 augmenté je vous décris l’ensemble petite intro puis G- /C- / G- 2 fois/ C- 2 fois/ D7+9°/ C7+9°/ Eb/D7pour la relance ..qu’en pensez vous ?? je vous remercie à l’avance
Oui ça sonne très bien.
Quand vous dites R7+9 augmenté vous voulez dire Ré7#9 (D7#9)? Si vous mettez D7+9 augmenté on ne sait pas trop si c’est la quinte, ou la neuvième ou les deux qui sont augmentées. Il n’y a pas vraiment de règle absolue mais quand je veux un accord de 7ème avec 9ème augmentée, j’écris D7#9 ou D7 9#, soit les notes: d, f#, a, c, f. Si vous écrivez D7+, ça veut dire D7 avec quinte augmentée: d, f#, a#, c.
Quant au signe ° ça fait plutôt penser au signe diminué. Donc D7+9° pourrait être Ré7 quinte augmenté avec 9ème diminuée.
Bon, vu le contexte on comprend.
Sinon votre grille est bonne et ça dépend beaucoup de la mélodie.
Personnellement pour que ça sonne un peu plus « blues » je ferais: G-7 /C-7 / G-7 2 fois/ C-7 2 fois/ D7#9/ C7#9/ Eb7/D7.
merci des précisions comme je le disais je n’ai pas bcp de théorie et en particulier pour l’écriture pour le signe ° vous avez raison il signifie diminué j’ai revu mon bouquin d’accords jazz et les accords D7?9 et C7?9 ils sont restent Majeurs sur cette gamme mineure ce qui lui donne 1 « couleur » particulière
Bonjour Jean,
D7?9 je ne connais pas, C7?9 non plus d’ailleurs. Ça doit être une question de clavier informatique non?
On écrit D7#9 ou D7 9+ à la rigueur.